« C'est bon, on la tient. Merci, tu peux y aller, c'était parfait. » Je regardais l'homme chauve un peu bouffi devant moi qui levait son pouce en l'air en signe d'approbation. L'homme de l'autre côté de la vitre sourit, apparemment satisfait de son travail, et s'en alla par la porte de derrière. L'homme chauve, que l'on surnommait "Big Daddy" dans les environs, se retourna vers moi, faisant grincer son siège. « Alors ? » Dans d'autres circonstances, l'attitude de cet homme m'aurait fortement répugnée. Mais j'étais tellement enchantée d'être ici, et émerveillée par les lieux, que j'oubliais complètement à quel point il pouvait être dégoûtant. Je pris place dans le siège en face de lui et je soupirais de bonheur. « J'adore, c'est parfait. Encore mieux que ce que j'imaginais. » "Big Daddy" prit une part de pizza. Je refusais poliment lorsqu'il m'en proposa une, toute dégoulinante de fromage. Je me fis violence pour ne pas grimacer. Vous vous demanderez pourquoi je voudrais bosser avec un type comme ça. Tout simplement parce qu'il était puissant dans l'industrie de la musique, et que si quelqu'un pouvait m'aider à avancer, c'était bien lui. De plus, je n'aurais jamais une opportunité comme celle-là qui se représenterait. « Alors, dis-moi pourquoi une jolie fille comme toi veut devenir productrice de musique ? » Je m'étais attendue à ce que l'on me pose cette question. Perdue dans mes pensées, je souris tendrement alors que le visage de mon père m'apparaissait. « C'est mon père. On a toujours partagé le goût de la musique, et il m'a avoué qu'il aurait aimé devenir producteur, mais qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'y arriver. Il est mort lorsque j'avais treize ans, et je me suis promis de faire son rêve réalité. » Me rendant compte que j'étais peut-être trop allée dans les détails, je grimaçais et regardais "Big Daddy" inconfortablement. « Tu me plais bien, petite. » Je souris, aux anges. « Alors ça veut dire que vous voulez bien de moi ? » J'étais excitée comme une petite fille devant les vitrines de Noël. « N'en faisons pas tout un plat. Maintenant, va me chercher un café. » Mon visage se décomposa, et je me levais dans un soupir silencieux. Dur, dur, la vie de stagiaire.

« Pippa, qu'est-ce que tu fous ? On va faire du vélo, on se rend pas à un bal ! » La voix de Nathanael de l'autre côté de la porte semblait lasse. « Attend, j'arrive. » soupirais-je en enfilant mes chaussures. Je me regardais une dernière fois dans la glace, plaçant une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille. J'ouvris alors la porte et me présenta à Nathanael, enfin prête. « Ah, ba enfin, tu en as mis... » Il s'arrêta lorsqu'il posa ses yeux sur moi. J'arquais un sourcil parfaitement épilé de manière aguicheuse, sachant pertinemment l'effet que je lui faisais. « Bon, on y va ? » Je lui attrapais la main et l'amenais dehors, rejoindre nos vélos. Une demie-heure plus tard, je me trouvais par terre, avec un tas d'égratignures sur le corps et le visage. Disons que le sport et la nature, ce n'était pas le cocktail idéal pour moi. J'étais tombée comme une abrutie, et au lieu de m'aider, Nathanael se marrait comme un tordu. Ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude, étant donné qu'il était toujours à réagir comme ça quand il m'arrivait ce genre de choses. Je le foudroyais du regard, mécontente, et me relevais non sans mal. J'époussetais ma tenue, et me rapprochais de lui. « Oh, fais pas la tête. Tu veux que je te dise, tu es très sexy comme ça. » Je ne pus réprimer un sourire. Je connaissais Nathanael depuis la maternelle, nous avions été toujours été inséparables, et je devais l'avouer, ces derniers temps il me faisait un effet bizarre. Le séduire était devenu ma priorité. Je m'avançais alors vers lui et mordilla ma lèvre inférieure. « Vraiment ? » Il acquiesça et déposa alors ses lèvres sur les miennes. Je lui rendis son baiser, des frissons parcourant mon corps tout entier. Finalement, cette journée se révéla être beaucoup plus intéressante que je ne l'avais imaginé.