La vie, c'est monotone, c'est chiant, c'est la routine. Je m'ennuie tout le temps. Toujours être sympa, toujours sourire, toujours dire des trucs qu'on pense pas.. C'est chiant, c'est con, c'est saoulant, y a rien de pire. J'en connais un rayon. J'ai vécu 20 ans de ma vie comme ça. Mais, il y avait le rêve. Tout à coup, vous vous méprenez à croire qu'un jour vous pourriez être une jolie fille ayant du succès avec des mecs, vous vous voyez au volant d'une range rover, les cheveux flottant dans le vent, faisant griser les pneus quand bon vous semble, vous vous voyez, dans le motel, entrain de vous en griller une sur les draps. Tout les trucs possible et imaginable, qui... jamais n'arriveront. Parce que jamais vous ne serez une jolie fille, jamais vous ne serez un cow-boy dans le désert, jamais vous ne pourrez être une fumeuse... C'est sûr, c'est clair, c'est net.. C'est la vie, cette vie qu'on vit le mieux qu'on peu...J'ai toujours été complexée, pourquoi allez-vous me dire ? Je suis pas un laideron c'est vrai.. Mais, y avait ce malaise de ne pas être jolie, de ne pas être gentille qui me hantait... A la recherche de la perfection, au point à ne plus être sois-même, on finit par se perdre. C'est ce que ma "mort" m'a appris.

James attendait la belle Jenny appuyé contre la Range Rover, dégaine de bad boy, Wayfarer rehaussée sur son nez, il regardait avec lassitude passer les passants. Levant les yeux au ciel de temps à autres en regardant sa montre... 20 minutes de retard. James avait toujours été le genre de gars désagréable et chiant, toujours lointain, toujours ailleurs. Il s'en foutait de son monde comme personne. Mais il y avait Jenny. Jolie Jenny. Elle semblait lui porter un dédain à la hauteur de son orgueil, toujours souriante, toujours sympa. C'était avec froideur que Jenny avait accepté le rencard, elle n'y était pas habituée à ce genre de choses, il le savait, et il l'acceptait plus ou moins bien. Elle n'était tellement pas son genre de fille.. Mais bon, 'fallait tenter petit, que lui disait son père. Hum.. salut... Jolie Jenny. Quel abruti, pensait-elle... Même pas foutu de me remarquer... Elle était jolie la petite, dans son jeans délavé,son t-shirt blanc et ses ballerines noires... si basique. Elle n'avait même pas besoin de plus pour être belle à regarder. Pas une croqueuse de mecs cette fille... Ni de mini-jupe d'ailleurs. Yo. hum... t'es plutôt jolie... C'est toi qui m'a donné un rencard abruti... Mais ça, Jenny ne l'aurait jamais dit, beaucoup trop gentille pour ça. Merci... Dit-elle en faisant une drôle de moue, après tout que pouvait-elle dire d'autre ? Bon.. hum.. pour ce resto alors, tu comptes m'emmener là-dedans ou c'est pas ta voiture ?

Tu veux pas arrêter de jouer à l’équilibriste et venir près de moi ? Non... Elle était là, devant mes yeux, jouant comme bon lui semblait avec mes nerfs. Elle souriait. Sûrement à cause de tout l'alcool qu'elle avait ingurgité, j'aimais bien la voir rire, elle était beaucoup plus belle comme ça. Elle sautillait sur les pierres, là, près du lac, elle n'avait pas à faire ça, à chaque fois qu'elle mimait de perdre l’équilibre, mon coeur se serrait si fort que...Viens me rejoindre alors. Elle avait dit ça sur un ton si... insolent, presque taquin. Alors je me suis levé, et c'est là que ça s'est passé, en une fraction de seconde, tel que je n'ai même pas eus le temps de cliger des yeux... Elle est tombée.. Comme ça d'un coup, elle a crié, moi aussi... Quand je suis arrivé près des rochers, c'était trop tard. Son corps ensanglanté à cause de la blessure infligée par les rochers flottait au dessus de l'eau, telle une petite plume... Elle était morte.

Qu'est-ce que c'est que mourir ? Une question insolube, après tout, personne n'en sait rien. Pas même moi, malgré tout ce que j'ai pu...vivre... Enfin, vous n'avez même pas idée comment ça change la vie de revivre... C'est comme l'après-shampoing. Vous croyez que vous avez fini et tout, et puis tout à coup, on a toutes la même pensées: "Shit, l'après-shampoing". Ben c'est un peu ça être une...revenante. Vous croyez que vous en avez fini avec le shampoing, ben non, vous êtes de retour pour l'après.shampoing. Mais le résultat est plutôt cool. Je me soucie plus de rien, je vis c'est tout. J'ai plus peur de baffer un mec qui a 3 kilos de muscles de moi, j'ai plus peur d'embrasser mon meilleur ami, d'envoyer balader un mec, de dire non à n'importe qui et de me tatouer un petit dessin sur le bas du ventre.... On se sent plus vivant que jamais. Et ça fait tellement de bien. Ça fait l'effet d'une délivrance, d'un poids qu'on vous aurait enlever. Mais le gros problème dans tout ça, le truc qui gâche tout, c'est les relations humaines. Parce que croyez-moi le mec qui vous a vu crevez le visage ensanglanté et tout n'est pas à deux doigts de vous pardonner. Évidemment que ce n'était pas volontaire, mais à mon avis, le choc que je lui ai fait ne l'a pas laisser de marbre. Normal me diriez-vous...